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Algérie : Le football aux avant-postes de la contestation anti-Bouteflika

samedi 27 juillet 2019, par siawi3

Source : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/26/le-football-aux-avant-postes-de-la-contestation-anti-bouteflika_5493563_4500055.html

Le football aux avant-postes de la contestation anti-Bouteflika

Par Ali Ezhar

26.O7.19

Les supporteurs de l’USM d’Alger chantent depuis toujours leur rejet des oppressions. Leur hymne « La Casa del Mouradia » est même devenu un des tubes du « printemps algérien ».

Ils ont investi le stade du Caire. A regarder les tribunes, on se croirait presque au « 5-juillet », l’arène d’Alger où l’équipe nationale a ses habitudes. Vendredi 19 juillet, quinze mille supporteurs, vingt mille, peut-être plus, ont débarqué d’Algérie, d’Europe ou d’Amérique, pour espérer assister au triomphe des Fennecs face aux Lions du Sénégal en finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Une seule exigence : « Le peuple veut la Coupe d’Afrique. » Pendant des heures, sous une chaleur écrasante, ils ont grillé leurs cordes vocales en chantant des « One, two, three, viva l’Algérie ». Jusqu’au succès final (1-0). Pour une partie de ces fans, la ferveur particulière qu’ils ont trouvée dans les gradins du Caire a rappelé celle qu’ils connaissent toute l’année dans un modeste stade d’Alger. Au rythme des chants politiques.

Mardi 21 mai, début de soirée, quartier de Bologhine, au nord de la capitale. Aux abords de l’enceinte Omar-Hamadi, impossible de faire un pas au milieu d’une masse rouge et noir sans prendre des coups de matraque. Mais ce temple vaut bien quelques bleus au bras. Les policiers chargés de la sécurité tentent de compresser les milliers de supporteurs contre les parois. On se bouscule, on s’impatiente. Un peu, beaucoup, au point de tenter d’ouvrir de rage le portail d’un des virages qui vacille mais ne rompt pas. « C’est notre stade, on fait ce qu’on veut ! », chantonne-t-on déjà.

Dans les gradins, une ambiance électrique
En cette période de ramadan, le match est programmé à 22 h 30 sous un ciel noir majestueux. Certains viennent de rompre le jeûne, près des portes d’entrée, espérant fouler en premier les gradins cabossés de ce chaudron sacré. Mais, avant d’aller perdre sa voix en acclamant son équipe, l’Union sportive de la médina d’Alger (USMA) – qui reçoit cette nuit-là le Mouloudia Club d’Oran pour son dernier match à domicile –, il faut attendre. Au moins deux heures dans cette interminable queue qui prend des airs de procession.

Car, une fois passé les portes, on pénètre dans un lieu à part, où chaque tribune cimentée est une marche pour la liberté, celle de chanter l’amour de son club, les souffrances qui meurtrissent la jeunesse algérienne et sa haine profonde du « système » politique. Le tout, sous le regard bienveillant de la basilique Notre-Dame d’Afrique qui domine l’enceinte. L’USMA « enflamme vos malheurs », lit-on sur l’un des impressionnants tifos déployés avant la rencontre. Et sur l’une des banderoles qui entourent la pelouse synthétique s’affiche en anglais l’une des maximes du club : « Aimer l’âme du club, pas ses trophées. »

A l’USMA, on est fidèle jusque dans l’au-delà. « Chez nous, c’est la Bombonera [le stade de Boca Juniors, en Argentine]. C’est la même ambiance », lance fièrement Aissa, 26 ans. Ce jeune étudiant en droit n’a pas tout à fait tort : ici, le stade Omar-Hamadi, coincé entre la mer Méditerranée et le cimetière chrétien Saint-Eugène, se vit, se respire et surtout s’entend. Jusqu’au coup de sifflet final, plus de 17 000 hommes fredonnent à l’unisson leur amour infini pour les Rouge et Noir comme si leur vie en dépendait. Qui ne chante pas n’est pas usmistes, et les tympans n’y résistent pas très longtemps.

« Le peuple a compris la rage contenue dans ces messages. On a le sentiment d’avoir participé à quelque chose. » Rachid, 24 ans, sans emploi

A Omar-Hamadi, le spectacle se situe dans ces tribunes bondées où l’on ressent les vibrations des voix qui traversent les corps en transe. « C’est le charme de notre club, assure Mehdi, la trentaine, avec un grand sourire qui étire ses joues barbues. Il y a des gens qui sont déjà venus juste pour nous écouter. » Les supporteurs enchaînent les chansons sans s’essouffler, puissantes et émouvantes à la fois. On les compare même à des medahat, ces cantatrices qui enchantent les mariages. Ce n’est plus un match de foot, c’est un immense récital qui dure plus de quatre-vingt-dix minutes.

« On encourage notre équipe. On parle des gloires passées, on raconte notre mal-être. Chanter, c’est notre antidouleur. On vient ici pour décompresser de notre semaine », explique Walid, 26 ans, photographe. « C’est plus que de la passion, c’est de la folie », assure Rolland Courbis, ancien coach du club (2012-2013) avec lequel il a remporté plusieurs grands titres. Ce soir-là, l’USMA est tenu en échec, mais quelques jours plus tard, à Constantine, les Milanais – un autre surnom à cause de leurs couleurs, semblables au club italien Milan AC – remportent finalement leur dernière rencontre de la saison et décrochent leur huitième titre de champion d’Algérie.

« La Casa del Mouradia », un hymne politique
Mais depuis le 22 février, date de la première manifestation nationale contre le cinquième mandat que souhaitait briguer le président Abdelaziz Bouteflika, la grande victoire de ces supporteurs de l’USMA est ailleurs, sur le bitume bouillant et contestataire des rues d’Algérie. Ce vendredi de mai, comme chaque semaine, c’est le même rituel : lors des immenses marches dénonçant le pouvoir en place, à Alger ou ailleurs dans le pays, des milliers de manifestants, jeunes ou anciens, hommes ou femmes, reprennent ensemble La Casa del Mouradia.

Ecrit en 2018 par Ouled El Bahdja, le seul groupe de supporteurs de l’USMA, le titre évoque la résidence du chef de l’Etat, située sur les hauteurs de la capitale, tout en se référant à la série de Netflix au succès planétaire La Casa de papel. Il s’est surtout imposé comme l’un des hymnes de la révolution pacifique algérienne avec « Makach el khamsa ya Bouteflika » (« pas de cinquième [mandat] Bouteflika »), « Viva l’Algérie, yatnahaw ga3 » (« qu’ils partent tous ») et Liberté, signé du rappeur Soolking, une émouvante antienne évoquant la situation actuelle qui a dépassé les 120 millions de vues sur YouTube depuis sa sortie, en mars. Ce dernier titre est d’ailleurs une reprise d’Ultima verba, composée par l’Ouled El Bahdja. Encore lui.

Les paroles de La Casa del Mouradia résument avec une justesse déroutante le « dégoûtage » de la jeunesse algérienne, la hogra (« le mépris », en arabe) des hauts représentants de l’Etat, l’injustice de survivre dans un pays riche mais gangrené par le piston et le népotisme. Cette chanson est un réquisitoire contre l’ancien président Bouteflika qui raconte avec lyrisme et désespoir les vingt ans calamiteux de son règne en faisant défiler les quatre mandats tout en anticipant le cinquième.

Extraits : « C’est bientôt l’aube et le sommeil ne vient pas/Je consomme [de la drogue] à petites doses/Quelle en est la raison ?/ Qui dois-je blâmer ?/ On en a assez de cette vie/Le premier [mandat de Bouteflika, en 1999], on dira qu’il est passé/Ils nous ont eus avec la décennie [noire, et la nécessité d’une réconciliation nationale]/ Au deuxième, l’histoire est devenue claire/La Casa d’El Mouradia/Au troisième, le pays s’est amaigri/À cause des intérêts personnels/Au quatrième, la marionnette est morte et/L’affaire continue/Le cinquième va suivre/C’est déjà acté/Et le passé est archivé/La voix de la liberté… »

La sincérité et la pertinence des mots ont touché l’âme de millions d’Algériens au point de résonner de Tiaret à Annaba, de Mostaganem à Tamanrasset, et même au-delà des frontières du pays. « C’est une fierté immense pour nous, insiste Rachid, 24 ans, sans emploi. Le peuple a compris la rage contenue dans ces messages. On a le sentiment d’avoir participé à quelque chose. C’est une petite réussite, mais d’une petite réussite, tu atteins la grande. En plus, quand il était ministre des sports, “Boutef”, était supporteur du Mouloudia, notre rival. »

Une longue tradition contestataire
Il est presque minuit. Adossés à une sublime porte rouge et noir d’un immeuble colonial de Soustara, un quartier de la Casbah, Mohamed, surnommé Mouh Milano, Mustapha et deux autres amis enchaînent les garos (« cigarettes ») tout en sirotant quelques thés. Entre eux, ils parlent de l’USMA, de l’USMA et encore de l’USMA. « Normal, la Casbah, c’est l’âme de l’USMA », justifient-ils. Il suffit de se balader dans les allées épuisées de la vielle ville pour comprendre l’importance de ce club : ses armoiries et ses couleurs sont peintes avec une fierté insolente sur les portes et les murs de la médina.

Lors de l’avant-dernier match du championnat de l’USMA, au stade de Bologhine, à Alger, le 21 mai.
Mustapha, la quarantaine, jogging noir, chauffeur pour des expatriés, connaît par cœur l’histoire du club depuis sa création, en 1937, et celle des joueurs, comme s’ils étaient des membres de sa famille. « Je suis né usmiste. C’est héréditaire, de père en fils, affirme-t-il de sa douce voix. Et, comme tous les usmistes, on est révolutionnaires. » Comment peut-il en être autrement ? Lui et ses comparses sont des enfants de la Casbah, biberonnés à l’esprit rebelle depuis la naissance. « C’est la base, frère, c’est dans les gènes », ajoute Mouh Milano.

« Le supporteur est un militant qui ne dit pas son nom. Le système ne s’attendait pas à voir une révolution commencer dans les stades, et elle a débuté il y a bien longtemps. » Mustapha, chauffeur

Le rôle qu’a joué ce quartier d’Alger lors de la guerre coloniale (1954-1962) a façonné leur conscience. Mustapha pourrait citer les noms des quarante-deux martyrs du club tombés au combat. Et même les figures du mouvement indépendantiste, comme Zoubir Bouadjadj, membre du « groupe des 22 » qui allait créer le Front de libération nationale (FLN) et déclencher les hostilités contre la puissance coloniale, ou encore Yacef Saadi, ancien chef de la zone autonome d’Alger durant la fameuse bataille de 1957…

« Les couleurs originelles du club sont le rouge et le grenat. Mais, quand l’armée française a tué des milliers d’Algériens le 8 mai 1945 [lors des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata qui ont fait entre 15 000 et 45 000 morts], le grenat a été remplacé par le noir pour signifier le deuil éternel et le rouge symbolise désormais le sang qui a coulé, énonce Mustapha. On était déjà en rébellion. Ça vient de loin. »

Le parti du FLN dans le viseur
Pour ces supporteurs, l’US de la médina n’est qu’un prolongement de leur lutte contre les injustices, et notamment celles commises à foison par le FLN qu’ils subissent « depuis tout jeune », estime Mouh Milano. Ils ont « une revanche » à prendre contre cet « oppresseur » qui a pris la place de la France depuis 1962. Ils ont voulu faire des tribunes le tombeau de ce « parti corrompu » qui a empêché le pays d’avancer.

Dans ce face-à-face avec le pouvoir, leur voix a été leur meilleure alliée. Les anciens présidents ont eu droit à leur refrain. « Sous Boumediene (1965-1978), c’était codé », précise Mustapha. Chadli Bendjedid (1979-1992) a été le « voleur de devises ». Contrairement à Ahmed Ben Bella, premier chef d’État de 1963 à 1965 et ancien président d’honneur de l’USM d’Alger, fan du club.

Lors des émeutes populaires réprimées dans le sang en octobre 1988, qui avaient démarré du quartier populaire de Bab el-Oued, les supporteurs de l’USMA avaient dédié un refrain qui résonne encore aujourd’hui dans le stade, Bab el-Oued Chouhada (« Bab el-Oued martyr »). Et après l’interruption des élections législatives algériennes de 1991 pour empêcher le Front islamique du salut (FIS) de prendre le pouvoir, la foule du stade criait « FIS, FIS, nique la police ». « Mais ce n’était pas par idéologie islamiste, rappelle Mustapha, c’était juste par opposition au système. Notre obsession était de battre le FLN. »

Quand Ali Haddad, riche homme d’affaires proche de Bouteflika a racheté le club en 2010, les usmistes ont créé un couplet hostile spécialement pour lui. Depuis quelques semaines, Haddad est en prison pour des soupçons de corruption et l’USMA devait être vendue… Les gradins sont devenus le seul endroit où l’opposition frontale au régime était d’une certaine façon « tolérée ». Il y a bien eu une volonté de l’étouffer en imposant des matches à huis clos. Sans succès. Les chants ont continué.

Au bon endroit et au bon moment
Mais comment cette Casa del Mouradia a-t-elle pu trouver un écho aussi puissant partout en Algérie ? « Tout simplement parce que la chanson est tombée au bon moment », explique Mehdi Dahak, journaliste à DZfoot, qui était présent lors de la marche du 22 février à Alger. Cet après-midi-là, les contestataires ont hurlé des slogans politiques contre le cinquième mandat du président, puis sont arrivés des jeunes, par milliers, des quartiers populaires. Parmi eux, des membres de l’Ouled El Bahdja et des supporteurs de l’USMA qui n’attendaient que cela : dénoncer le « système pourri ». Et ils se sont mis à entonner la fameuse chanson en plein cœur de la capitale.

Depuis, elle s’est transmise chaque vendredi, à chaque manif, dans chaque ville. Comme ce 8 mars, en fin de journée. C’est la troisième marche pour la « dignité » et contre le « système » ; probablement, l’une des plus impressionnantes de ce hirak, ce « mouvement » inédit de contestation, avec plus d’un million de manifestants rien qu’à Alger. C’est comme si le pays venait de déverser son peuple dans les travées cabossées de la capitale. Bouteflika s’accroche encore à son fauteuil roulant et ne semble pas prêt à abdiquer (il finira par démissionner le 2 avril).

Non loin de la Grande Poste, un jeune garçon, maillot de l’USMA sur le dos, le visage en sueur et rougi par des heures de marche, s’extirpe de la foule et grimpe sur un rebord en pierre de la station de métro Tafourah. En contrebas, en face de lui, ses kho (« copains ») s’impatientent. « Attends, attends », hurle-t-il sur eux. Le garçon reprend son souffle avant de se lancer dans un flow : « C’est bientôt l’aube et le sommeil ne vient pas… » Ses amis reprennent le couplet, puis des centaines d’autres. Comme au stade. Enfants, fonctionnaires, hadja (« vieille personne »), jeunes sans travail, supporteurs de clubs pourtant rivaux (comme le Mouloudia d’Alger)… Tout le monde la chante. La Casa del Mouradia, avec ses quelques accords de guitare et ses voix graves, a touché juste, au point de rassembler les Algériens.

Un collectif qui fuit la médiatisation
L’Ouled El Bahdja, qui signifie « fils de la Joyeuse » (l’un des surnoms d’Alger), a composé d’autres titres qui content le quotidien tragique de ce pays dont plus de la moitié de la population (42 millions d’habitants) a moins de 30 ans et où le chômage frappe officiellement 26,4 % des 16-24 ans, sans épargner les diplômés. On peut citer Nar El Hamra (« feu rouge ») ou Babour ellouh (« barques de bois ») sur les harraga, ces gamins prêts à prendre le large à bord de radeaux pour tenter de rejoindre l’Europe. Ces chants de ralliement ont tous comme point commun d’être imagés, chambreurs, mélancoliques, d’une infinie beauté…

L’Ouled El Bahdja, c’est bien plus qu’un groupe, c’est un collectif, créé en 2010, rassemblant entre 300 et 500 personnes (artistes, musiciens…). Pas de chef, pas de leader. Des meneurs et un noyau de trois jeunes qui écrivent et composent ensemble. Personne n’est crédité : seul Ouled El Bahdja compte. Les chansons peuvent être simplement enregistrées sur un téléphone portable, puis balancées sur leur chaîne YouTube. Ainsi, les supporteurs peuvent les apprendre par cœur pour les célébrer au stade.

Les membres du collectif n’apprécient pas qu’on les appelle ultras et fuient la presse. Et quand ils parlent à un média, c’est toujours de manière anonyme. L’Ouled El Bahdja se considère comme l’âme du club qui se retrouve à chaque match dans un virage situé derrière l’un des buts de l’arène de Bologhine. C’est aussi le gardien d’une nostalgie et d’une tradition, héritier du Virage Electric Orchestra, un des premiers groupes de chant de supporter du club à la fin des années 1960.

La contagion démocratique
Casquette siglée Chanel, veste Armani, petite barbe finement taillée, Mouh Milano est un ancien de l’Ouled El Bahdja. Il s’est lancé, depuis, dans une carrière solo. Ses chansons aux titres évocateurs, que l’on peut entendre sur YouTube, ont un succès considérable : un de ses tubes, Y en a marre, a été vu plus de 9 millions de fois. Et il cartonne en ce moment avec Mama Africa, dédiée aux Fennecs et à la révolution. « Chanter, c’est notre oxygène. Il n’y a rien d’autre à faire en Algérie. C’est pour cela qu’on aime tant les oiseaux », lance l’artiste.

C’est donc à Soustara, dans ce coin d’Alger, face à la mer, non loin du jardin repeint aux couleurs du club, que le jeune homme écrit ses chansons. Avec ses amis. Puis il les enregistre dans un studio et les balance sur le Net. « Je me suis professionnalisé par rapport aux autres groupes parce qu’on écoute nos chansons partout en Algérie et dans le reste du monde, explique-t-il. Nos chants sont devenus un genre comme le raï. On édite des CD, c’est bien, parce que les femmes qui ne viennent pas au stade peuvent aussi nous écouter. »

L’erreur du « système » est d’avoir « pris à la légère » ces supporteurs et de ne pas avoir compris que leurs chansons étaient une arme destinée à le renverser. « Le pouvoir pensait que nous étions des voyous, des drogués, des voleurs. Que notre mauvaise réputation allait avoir une influence sur les gens, assure Mustapha. Mais notre rébellion s’est propagée. Il ne croyait pas à un éveil politique. Le supporteur est un militant qui ne dit pas son nom. Le système ne s’attendait pas à voir une révolution commencer dans les stades, et elle a débuté il y a bien longtemps. » « Les Algériens sont comme une éponge : ils absorbent, absorbent, absorbent, et après ça déborde », argue Mouh Milano. « On en a assez de cette vie », chante-t-on dans La Casa del Mouradia. L’avenir d’un pays n’est pas obligé de s’écrire dans le sang, il peut aussi se chanter.