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Colonisation : les diplomates européens défient Israël
Les représentants des Vingt-Sept à Jérusalem préconisent des sanctions dans un rapport dévoilé à dessein.
vendredi 8 mars 2013, par
Par Adrien Jaulmes
Construction d’immeubles à Har Homa, un quartier au sud-est de Jérusalem. Crédits photo : MENAHEM KAHANA/AFP
Les diplomates européens recommandent à l’Union de prendre des sanctions économiques contre les colonies israéliennes. Dans leur rapport annuel, dont ont eu connaissance un certain nombre de médias israéliens et étrangers, les consuls généraux européens en poste à Ramallah et à Jérusalem se montrent une fois de plus très critiques sur la politique israélienne de colonisation de Jérusalem-Est, allant jusqu’à préconiser des mesures destinées à réduire les échanges entre l’Union européenne (UE) et les implantations israéliennes et à réduire leur financement, direct ou indirect.
Parmi les mesures recommandées, les diplomates mentionnent une plus stricte application des accords commerciaux entre l’UE et Israël, notamment pour faire la distinction entre les marchandises produites en Israël et celles provenant des colonies israéliennes dans les Territoires occupés. Israël exporte jusqu’à présent les produits des colonies sous le même label que ses propres marchandises, ce qui leur permet de bénéficier des mêmes clauses favorables sur le marché européen.
La colonisation israelienne à jerusalem : Une politique « systématique, délibérée et provocante »
Le rapport prône aussi une surveillance accrue des programmes de coopération entre l’UE et Israël, afin que ces échanges ne bénéficient pas à des colonies, directement ou non. Il donne comme exemple un programme européen d’investissement dans les nouvelles technologies qui bénéficie aux laboratoires cosmétiques de la firme Ahava, implantée dans les Territoires. Les diplomates européens mettent en garde contre les conséquences de la politique de colonisation d’Israël à Jérusalem-Est, selon eux « systématique, délibérée et provocante », dirigée contre la présence palestinienne dans la partie orientale de la ville. Les plans de développement de plusieurs quartiers « font partie d’une stratégie visant à rendre impossible de faire de Jérusalem la capitale de deux États », observe le rapport.
Ce document met aussi en cause les restrictions d’accès aux lieux saints chrétiens et musulmans, et l’approche partisane de l’archéologie israélienne qui vise à minimiser, voire à effacer l’histoire chrétienne et musulmane de la ville.
Il mentionne explicitement les activités de l’ONG israélienne Elad, proche de l’extrême droite, qui est chargée des fouilles et de l’exploitation touristique de la Cité de David, dans la partie Est de la ville.
Transmis annuellement par les représentants des 27 pays de l’UE à Bruxelles et à leurs administrations centrales, ce document reflète plus la vision des diplomates sur le terrain que la politique officielle de l’Union. Las de voir leurs recommandations enterrées par certains gouvernements européens, les diplomates font régulièrement « fuiter »leur rapport afin d’être entendus. Les Israéliens ne cachent pas leur agacement devant cette pratique. « La mission d’un diplomate est de jeter des ponts, pas d’encourager la confrontation, a réagi Yigal Palmor, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères. Ce genre de choses montre qu’ils ont échoué dans leur mission. »